Parcours d'entrepreneur : Gilles Hoppenot

Parcours d'entrepreneur : Gilles Hoppenot
    On revient aujourd’hui sur une aventure entrepreneuriale née dans les années 80. Pionnier de la Tech, Gilles Hoppenot a fondé GHS, une entreprise précurseur dans le domaine de l’édition des logiciels et de la paie. Il nous raconte l’informatique à ses débuts, la construction d’une société à une époque où les startups n’existaient pas. 

    Les débuts

    Alors, j'ai mon parcours professionnel, ouais, donc, j'ai fait des études de gestion en alternance parce que les études, ça m'emmerde. Mon premier boulot salarié, ça a été de monter le contrôle de gestion à Framatome et à partir de ce moment-là, quand j'ai quitté, je me suis dit, je ne travaillerai plus jamais pour quelqu'un d'autre. Il avait cette notion de plaisir au travail. Du coup, petits boulots, je me mets en recherche de faire des trucs et avec toujours une volonté de faire le bon produit, un bon service rendu à quelqu'un, quoi qu'il arrive. Quand j'ai commencé à faire de la peinture et tout ça, à aller voir des chaufferies, des peintres en bâtiment, je suis devenu un très bon peintre, même aujourd'hui je pense que je peins mieux que plein de peintres professionnels. La création de GHS, c'était pour aider les petites entreprises, d'abord les artisans que j'avais rencontrés et qui ne savaient pas gérer leur boite et du coup, je m'occupais un peu de leur gestion, d'autres trucs... Mais en fait, souvent, ils me faisaient faire la paperasse, leur compta et tout ça, ça me cassait les pieds donc un moment donné, en 86, - GHS je l'ai crée en 83 - je me suis acheté un mac pour pouvoir faire ces trucs. J'ai découvert Excel, avec lequel je me suis régalé et puis j'ai été capable de faire des petits programmes en fait sur Excel. Et j'avais fait un bon programme, super, pour faire les devis de films publicitaires et du coup j'ai eu plein de clients dans la pub et je les équipais complètement en fait, je leur installais tous les logiciels possibles, tous les traitements de textes, tous les trucs de PAO, Illustrator, Photoshop et compagnie, et puis le logiciel de compta et puis le logiciel de paie. Les dix premières années de l'activité, j'ai fait des trucs en fonction de ce qui se présentait. En fait, comme j'aimais bien les chiffres et tout ça, j'étais expert dans la paye, mais sur des logiciels standards.

    L'équipage

    Et puis, j'ai rencontré Éric qui cherchait un logiciel de paie standard. Très vite, je me suis entouré d'un copain, puis un autre et quelques personnes. J'aime pas du tout travailler seul et donc j'ai toujours trouvé des personnes pour bosser avec moi. Voilà, après, et c'est vrai que je sais pas un peu d'inconscience, un peu de facilité, un peu d'être d'un milieu aisé on va dire ; je me suis jamais inquiété de gagner de l'argent en fait, ça a jamais été ma préoccupation. Je suis assez économe mais j'ai jamais cherché à... Mon truc c'était de me dire, ben tant que je fais du bon boulot, que les gens sont contents, ben ça marche, il y a de la croissance, et après en fait on se retrouve à gagner de l'argent. Mais c'est pas la priorité... Mais, c'est vrai qu'une de mes priorités, c'était quand même que ce soit sympa. Parce qu'on a quand même beaucoup rigolé au début de GHS ! Aujourd'hui, on rigole beaucoup moins, on rigole de temps en temps, mais voilà. [...]

    Le code

    La bonne méthode c'est souvent la méthode de celui qui le fait, et pas forcément la méthode de celui qui dirige. Et ça, c'est un truc que j'ai mis un peu de temps à comprendre, quand t'as l'impression que tu raisonnes bien et que tu sais tout faire quoi, au fur à mesure du temps avec un peu de sagesse et tout ça, finalement la bonne méthode, même si elle est nulle, même si c'est pas celle que j'adapterai... Il y a plein de moyens pour arriver au même résultat en fait. Tu peux arriver à des résultats très similaires avec des méthodes complètement différentes. Après c'est mieux si le truc il est compréhensible par un autre, s'il peut être repris, fin plus c'est propre, mieux c'est, mais des fois t'as des trucs qui marchent et à la fin, c'est le plus important.

    [...]

    Il y a des choses sur lesquels je me méfie beaucoup c'est d'aller passer... Tu vois les interfaces, voilà... genre de... voilà, changer à tout prix de logo, d'interface, de machin, genre d'être toujours à la dernière mode, alors qu'en définitif est-ce que les clients, ils ont tout le temps envie d'être avec la dernière interface, le dernier changement, le dernier truc et que s'ils sont dans un environnement qu'ils maîtrisent... Voilà, si je me mets à la place de l’utilisateur, j'ai beaucoup aimé Excel au début, après j'en avais ras-le-bol [...] À chaque fois ils trouvent que c'est plus intelligent d'une version à l'autre, voilà peut-être mais en fait ça va beaucoup trop vite pour l'utilisateur lambda [...]

    Donc du coup, le fait d'avancer doucettement, peut-être qu'on a l'impression d'être très en retard, mais je suis pas très sûr en fait [...]

    Bonheurs et malheurs

    Le succès c'est que du coup, il y a quand même des clients qui nous ont suivis pendant plus de trente ans. Le produit a su évoluer, s'adapter, avoir une réputation, être resté avec une image et une valeur... [...]

    Tous les salariés sont restés très fidèles, ont suivi. Donc c'est quand même assez bien de voir que... Et, malgré tout, la notion de plaisir, de fierté, de bien travailler même si c'est un peu difficile : j'ai quand même l'impression qu'il y a encore des challenges, des trucs amusants à faire, des trucs sympas.

    Les plus grandes difficultés, après on les oublie en fait. Il y en a eu au début, après on les oublie. J'avais quand même une très grande foi sur ce que j'allais faire et du coup je pense avoir été capable d'entraîner un certain nombre de personnes avec moi, c'est ça qu'il faut pas perdre de vue.